Laissez-moi vous emmener faire un tour rapide des différents moments marquants de ma vie
Avec mes tatouages pour guide.
J’ai vu le jour le 1er octobre 1985.
Je suis né à Anvers (Belgique), cadet d’une fratrie de huit enfants. Je suis toujours reconnaissant à ma mère pour le prénom qu’elle m’a donné, Jaouad, qui signifie « le généreux ».
Dans les années 60, mes parents ont émigré du Maroc vers la Belgique. Dans un pays qui évolue à une vitesse vertigineuse, ils m’ont transmis les valeurs de leur pays natal.
Je pense que je suis une fille et je tombe amoureuse de Jens, un camarade de classe.
à l’école, je remporte un concours de chant. À ce jour, je me souviens à quel point ma mère était fière de moi. Avant de monter sur scène, je pense chaque fois à elle et à mon père.
'Oumi - ma mère'
Mon premier tatouage, un hommage à ma mère | Poignet droit – Intérieur du bras
Ma mère meurt
Le 18 décembre 2000, ma mère meurt. J’ai 15 ans. La terre se dérobe sous mes pieds. C’est le moment où je fais face à la valeur précieuse de la vie. Le rebelle en moi s’éveille et je développe une profonde aversion de l’autorité.
Ma mère était l’un des piliers de notre communauté. C’est elle qui m’a appris à construire des ponts.
Je pars vivre et travailler un an à Paris comme pâtissier/chocolatier. Un tout nouveau monde s’ouvre à moi : je peux y vivre ma sexualité en toute liberté.
'Hayati - ma vie'
Mon deuxième tatouage | Poignet gauche – Intérieur du bras
S’enfuir
Le 7 mai 2006 : je décide de m’enfuir de chez moi et je m’installe chez mon compagnon. J’ai 20 ans. Je ne reviendrai que neuf ans plus tard renouer les liens avec mon père et le reste de la famille.
Je fais mes premiers pas de drag queen dans d’innombrables bars et boîtes de nuit.
« Je suis qui je suis » / « Poignard arabe » / « Main de Fatima »
Trois motifs que je me fais tatouer sur une période d’un an | Torse
Mira Mirage
Au moment où je me fais tatouer ce motif, cela fait sept ans que j’ai quitté la maison familiale et cinq ans que je me produis en tant que Mira Mirage, un personnage de drag queen. Qu’un jour je monterais sur les planches était écrit dans les étoiles. Dans ma tête, j’écris des myriades de lettres à mes parents, mes sœurs et frères.
Rien d’étonnant à ce que j’aie finalement réalisé le spectacle De meisje, un monologue créé en septembre 2019. Depuis, je l’ai interprété plus de 70 fois en Belgique et aux Pays-Bas.
'Akhlami - mes rêves'
Tatoué à Gran Canaria, sélectionné pour The Voice – Flandre | Dos
The Voice
Chanter et jouer du théâtre en amateur sont mes nouvelles passions. Le yoga et la méditation me procurent désormais de l’équilibre. Cette même année, alors que j’ai 28 ans, je participe à The Voice – Flandre. J’arrive jusqu’en demi-finale.
En 2021, je sors mon premier album MESSIAS - un corpus d'œuvres que j'ai créé avec Aiko Devriendt sur la religion, les relations et la prise en main des choses.
Après avoir voyagé six semaines à travers l’Indonésie avec ma meilleure amie, Shanti, j’habite seul pour la première fois de ma vie.
Je passe par ma première période de solitude.
Je pratique intensément le yoga et la méditation et je lis plusieurs ouvrages de développement personnel.
Plusieurs séances de thérapie plus tard, je sais ce que je veux faire de ma vie : être créatif dans tous les domaines possibles.
Me produire sur scène, jouer, chanter, écrire, mettre en scène, photographier, etc.
La relation compliquée avec mon père est la dernière entrave. Je prends mon courage à deux mains et décide de lui écrire une lettre. Nos retrouvailles au bout de neuf ans sont très émotionnelles, mais nos discussions, très pesantes.
Trois ans durant, j’engage le dialogue avec mon père, un musulman traditionaliste.
Trois ans d’échanges laborieux accompagnés de beaucoup de larmes.
'La petite sirène'
Pour les souvenirs du Maroc et le monologue Zeemeermin (Sirène) | Cheville droite
Sirène
Enfant, je passais chaque été deux mois au Maroc en famille. Chaque fois que j’allais nager dans l’océan, j’imaginais être une sirène. À ce jour, la mer est pour moi une manière de me ressourcer et de me purifier.
Première de 'Zeemeermin' (Sirène) un dialogue écrit avec Nyiragasigwa Hens. Un moment de bascule dans ma carrière théâtrale professionnelle : je visite plus de 150 écoles avec ce monologue et je parle à des ados de 15 ans de sexualité, de genre et de religion.
Zeemeermin (Sirène) est une production de l’asbl BeHuman dont j’assure la direction administrative pendant trois ans. J’y développe et facilite la réalisation de différents projets créatifs comme le spectacle de théâtre « Phenomenal Woman » et l’événement « Pride of Color ».
Mon père meurt
Mon père meurt un mois avant la première de mon spectacle « De Meisje ». J’ai 34 ans. À la fin de sa vie, nous étions devenus de bons amis et il était très fier de moi. Il me manque chaque jour.
'Mains Amazighes'
J’ai fait tatouer ce motif après la mort de mon père | Mains
Changement
Ce tatouage s’inspire des caractères et signes amazighs d’Afrique du Nord. Ils symbolisent les multiples formes d’extrêmes qui se situent sur le spectre. Peur/amour, bien/mal, jour/nuit, homme/femme… Comment trouver l’équilibre ? Comment aborder la dualité dans la vie ?
La fondation de la maison de production Sjamaan, qui aspire à davantage de féminin et de couleur dans les médias.
'Maybe the day had a shitty you'
Je me suis fait tatouer cette phrase parce qu’il n’y a pas de mauvais jours | Aisselle droite
Acceptation
Certains jours, j’affrontais la vie comme un nuage d’orage parce que je pensais (et pense encore) à toute la souffrance dans notre société. Écrire m’aide à canaliser ces idées et ces émotions.
Le yoga et la méditation m’aident à comprendre qu’il n’y a pas de mauvais jours, il y a juste des jours où nous ne sommes pas la meilleure version de nous-mêmes et ce n’est pas grave.
Sortie de mon premier album Messias. Cette même année, on m’invite à être artiste en résidence au Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers et je déménage à Bruxelles, la bouillonnante. L’asbl Chosen Family y voit le jour, une organisation qui crée des espaces (plus) sûrs par le biais de l’art, de la musique et de l’alimentation. Nous montons d’emblée l’exposition In The Mood For Love à travers laquelle nous collectons de l’argent au bénéfice de travailleurs masculins du sexe.
En partenariat avec Queef, The Crazy, Circle et Merhaba, Chosen Family organise une fête de rue lors de la Belgian Pride : « Back To The Roots Streetparty ». À la Toneelhuis (Anvers), j’entame les préparations pour le spectacle de théâtre Venus in Libra. Un spectacle queer punk dans lequel je joue le tenancier d’une boîte de nuit et, accompagné par quatre musiciens, douze créatures et un danseur, j’invite les gens à se mettre à l’abri d’un monde de plus en plus dur.
Mon premier livre paraît aux éditions Lannoo. J’ai écrit un récit fictif sur ma vie, une autofiction dont le protagoniste s’appelle Idriss.
Le 1er décembre, Jaouad sortira un nouvel album : Homo Universalis. Les neuf chansons ont été écrites pour son spectacle musical “De meisje". Elles ont été enregistrées en direct au Rabbit Field Studio avec Stef Kamil Carlens à la production
Homo Universalis est une nouvelle étape dans l'œuvre musicale de Jaouad Alloul. Ces enregistrements en direct sont un cadeau pour son public. Dédié à Jeroen Vanluyten: thank you for giving our love wings to fly.
Une vie faite de hauts et de bas,
une vie lors de laquelle j’ai radicalement choisi de vivre ma vie,
par amour de la vie.
Je suis la preuve vivante que la vie devient meilleure.
Je suis curieux de découvrir quels cadeaux la vie nous réserve encore.
Heureux que vous ayez pris le temps de visiter mon site web.
